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soins qu’il a pris de vous & vous savez ce qui peut les rendre utiles. Souvenez-vous de ma lettre précédente. Passez vos jours avec lui. Que rien de ce qui m’aima ne le quitte. Il vous a rendu le goût de la vertu, montrez-lui-en l’objet & le prix. Soyez chrétien pour l’engager à l’être. Le succes est plus près que vous ne pensez : il a fait son devoir, je ferai le mien, faites le vôtre. Dieu est juste : ma confiance ne me trompera pas.

Je n’ai qu’un mot à vous dire sur mes enfans. Je sais quels soins va vous coûter leur éducation ; mais je sais bien aussi que ces soins ne vous seront pas pénibles. Dans les momens de dégoût inséparables de cet emploi, dites-vous : ils sont les enfans de Julie ; il ne vous coûtera plus rien. M. de Wolmar vous remettra les observations que j’ai faites sur votre mémoire & sur le caractere de mes deux fils. Cet écrit n’est que commencé : je ne vous le donne pas pour regle & je le soumets à vos lumieres. N’en faites point des savants, faites-en des hommes bienfaisants & justes. Parlez-leur quelquefois de leur mere… vous savez s’ils lui étoient chers… Dites à Marcellin qu’il ne m’en coûta pas de mourir pour lui. Dites à son frere que c’étoit pour lui que j’aimois la vie. Dites-leur… Je me sens fatiguée. Il faut finir cette lettre. En vous laissant mes enfans, je m’en sépare avec moins de peine ; je crois rester avec eux.

Adieu, adieu, mon doux ami… Hélas ! j’acheve de vivre comme j’ai commencé. J’en dis trop peut-être en ce moment où le cœur ne déguise plus rien… Eh ! pourquoi