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varier les styles ? Infailliblement, avec ce projet, il auroit mieux fait, due la Nature.

J’observe que dans ; une société très-intime, les styles se rapprochent ainsi que les caracteres, & que les amis, confondant leurs ames, confondent aussi leurs manieres de penser, de sentir, & de dire. Cette Julie, telle qu’elle est, doit être une creature enchanteresse ; tout ce qui l’approche doit lui ressembler ; tout doit devenir Julie autour d’elle ; tous ses amis ne doivent avoir qu’un ton ; mais ces choses se sentent, & ne s’imaginent pas. Quand elles s’imagineroient, l’inventeur n’oseroit les mettre en pratique. Il ne lui faut que des traits qui frappent la multitude ; ce qui redevient simple à force de finesse, ne lui convient plus. Or, c’est-là qu’est le sceau de la vérité ; c’est-là qu’un œil attentif cherche & retrouve la Nature.

R. Hé bien ! vous concluez donc ?

N. Je ne conclus pas ; je doute, & je ne saurois vous dire, combien ce doute m’a tourmente durant la lecture de ces lettres. Certainement, si tout cela n’est que fiction, vous avez fait un mauvais