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que des jeunes filles n’ont point de part aux désordres dont on se plaint. En général, leur conduite est réguliere, quoique leurs cœurs soient corrompus. Elles obéissent à leurs meres en attendant qu’elles puissent les imiter. Quand les femmes feront leur devoir, soyez sûr que les filles ne manqueront point au leur.

N. L’observation vous est contraire en ce point. Il semble qu’il faut toujours au sexe un, tems de libertinage, ou dans un état, ou dans l’autre. C’est un mauvais levain qui fermente tôt ou tard. Chez les peuples qui ont des mœurs, les filles ont faciles & les femmes séveres : c’est le contraire chez ceux qui n’en ont pas. Les premiers n’ont égard qu’au délit, & les autres qu’au scandale. II ne s’agit qui d’être à l’abri des preuves ; le crime est compté pour rien [1].

R. À l’envisager par ses suites on n’en jugeroit pas ainsi. Mais soyons justes envers les femmes ; la cause de leur désordre est moins en elles que dans nos mauvaises institutions.

  1. Talis est via mulieris adultere que comedit, & tergens os su um dicit : non sum operata malum. Proverb. XXX. 20.