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Les Provinciaux, vous le savez, ne lisent que sur notre parole : il ne leur parvient que ce que, nous leur envoyons. Un Livre destiné pour les Solitaires, est d’abord jugé par les gens du monde ; si ceux-ci le rebutent, les autres ne le lisent point. Répandez.

R. La réponse est facile. Nous parlez des beaux esprits de Province ; & moi je parle des vrais Campagnards. Vous avez, vous autres qui brillez dans la Capitale, des préjugés dont il faut vous guérir : vous croyez donner le ton à toute la France, & les trois quarts de la France ne savent pas que vous existez. Les Livres qui tombent à Paris, sont la fortune des Libraires de Province.

N. Pourquoi voulez-vous les enrichir aux dépens des notres ?

R. Raillez. Moi, je persiste. Quand on aspire à la gloire, il faut se faire lire à Paris ; quand on veut être utile, il faut se faire lire en Province. Combien d’honnêtes gens passent leur vie dans des Campagnes éloignées à cultiver le patrimoine de leurs peres, où ils se regardent comme exilés par