Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t2.djvu/332

Cette page n’a pas encore été corrigée

égards ; & je ne désespere pas de lui voir faire en peu de tems, à l’aide de quelques amis, un chemin digne de son mérite. Je vous expliquerai mes vues plus en détail à mon passage auprès de vous. En attendant vous sentez qu’à force de succès on peut lever bien des difficultés, & qu’il y a des degrés de considération qui peuvent compenser la naissance, même dans l’esprit de votre pere. C’est, ce me semble, le seul expédient qui reste à tenter pour votre bonheur & le sien, puisque le sort & les préjugés vous ont ôté tous les autres.

J’ai écrit à Regianino de venir me joindre en poste, pour profiter de lui pendant huit ou dix jours que je passe encore avec notre ami. Sa tristesse est trop profonde pour laisser place à beaucoup d’entretien. La musique remplira les vides du silence, le laissera rêver, & changera par degrés sa douleur en mélancolie. J’attends cet état pour le livrer à lui-même, je n’oserois m’y fier auparavant. Pour Regianino, je vous le rendrai en repassant & ne le reprendrai qu’à mon retour d’Italie, tems où, sur les progres que vous avez déjà faits toutes deux, je juge qu’il ne vous sera plus nécessaire. Quant à présent, sûrement il vous est inutile, & je ne vous prive de rien en vous l’ôtant quelques jours.

    qu’il leur refuse chez lui. Dans quelle Cour hors celle de Londres voit-on ramper lâchement ces fiers insulaires ? Dans quel pays hors le leur vont-ils chercher à s’enricher ? Ils sont durs, il est vrai ; cette dureté ne me déplaît pas quand elle marche avec la justice. Je trouve beau qu’ils ne soient qu’Anglois, puisqu’ils n’ont pas besoin d’être hommes.