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n’y ai jamais ouï parler du Baron d’Etange ni de sa fille, ni de M. d’Orbe, ni de Milord Edouard Bomston, ni de M. de Wolmar. J’avertis encore que la topographie est grossierement altérée en plusieurs endroits, soit pour mieux donner le change au Lecteur ; soit qu’en effet l’Auteur n’en sçût pas davantage. Voilà tout ce que je puis dire. Que chacun pense comme il lui plaira.

Ce Livre n’est point fait pour circuler dans le monde, & convient à très-peu de Lecteurs. Le style rebutera les gens de goût, la matiere allarmera les gens séveres, tous les sentimens seront hors de la nature pour ceux qui ne croyent pas à la vertu. Il doit déplaire aux dévots, aux libertins, aux philosophes : il doit choquer les femmes galantes, & scandaliser les honnêtes femmes. À qui plaira-t-il donc ? Peut-être à moi seul : mais à coup sûr il ne plaira médiocrement à personne.

Quiconque veut se résoudre à lire ces Lettres, doit s’armer de patience sur les fautes de langue, sur le style emphatique & plat, sur les pensées communes rendues en termes empoulés ; il doit