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de pénétrer ; & dans la profonde obscurité qui m’environne, j’ai peur au moindre mouvement de faire un faux pas. Tout ce qui m’est arrivé depuis mon retour en France, & depuis mon départ de Trie, me montre évidemment qu’il n’y a que M. le Prince de Conti parmi ceux qui m’aiment, qui sache au vrai le secret de ma situation, & qu’il a fait tout ce qu’il a pu pour la rendre tranquille sans pouvoir y réussir. Cette persuasion m’arrache des élans de reconnoissance & d’attendrissement vers ce grand Prince, & je me reproche vivement mon impatience au sujet du silence qu’il a gardé sur mes deux dernières lettres ; car il y peu de temps que j’en ai écrit à S. A. une seconde qu’elle n’a peut-être pas plus reçue que la première ; c’est de quoi je délirerais extrêmement d’être instruit. Je n’ose en ajouter une pour elle dans ce paquet de peur de le grossir au point de donner dans la vue : mais si dans ce moment critique, vous aviez pour moi la charité de vous présenter à son audience, vous me rendriez un office bien signalé de l’informer de ce qui se passe, & de me faire parvenir son avis, c’est-à-dire, ses ordres : car dans tout ce que j’ai fait de mon chef, je n’ai fait que des sottises qui me serviront au moins de leçons à l’avenir, s’il daigne encore se mêler de moi. Demandez-lui aussi de ma part, je vous supplie, la permission de lui écrire désormais sous votre couvert, puisque sous le sien, mes lettres ne passent pas.

La tracasserie du Sieur Thevenin est enfin terminée. Après les preuves sans replique que j’ai données à M. de Tonnerre, de l’imposture de ce coquin, il m’a offert de le punir par