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LETTRE À Mr. D. P..... v.

À Bourgoin le 26 Septembre 1768.

Je reçois en ce moment, mon cher hôte, votre lettre du 20, & j’y apprends les progrès de votre rétablissement avec une satisfaction à laquelle il ne manque pour être entière que d’aussi bonnes nouvelles de la santé de la bonne Maman. Il n’y a rien à faire à sa sciatique que d’attendre les trêves & prendre patience ; vous êtes dans le même cas pour votre goutte, & après la leçon terrible pour vous & pour d’autres que vous avez reçue, j’espère que vous renoncerez une bonne sois à la fantaisie de guérir de la goutte, de tourmenter votre estomac & vos oreilles, & de vouloir changer votre constitution, avec du petit lait, des purgatifs & des drogues, & que vous prendrez une bonne fois le parti de suivre & d’aider s’il se peut la nature, mais non de la contrarier.

Je ne sais pourquoi vous vous imaginez qu’il a fallu, pour me marier, quitter le nom que je porte ;*

[*Celui de Renou qu’il avoit pris en allant habiter le château de Trie.] ce ne sont pas les noms qui se marient, ce sont les personnes, & quand dans cette simple & sainte cérémonie, les noms entreroient comme partie constituante ; celui que je porte auroit suffi, puisque je n’en reconnois plus d’autre. S’il s’agissoit de fortune