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agréablement, je revins heureusement ; je reçus des nouvelles qui me firent plaisir, & voyant que rien de tout ce que j’avois imaginé n’est arrivé, je commence à craindre après tant de malheurs réels, d’en voir quelquefois d’imaginaires qui peuvent agir sur mon cerveau. Ce que je fais bien certainement, c’est que quelqu’altération qui survienne à ma tête, mon cœur restera toujours le même, & qu’il vous aimera toujours. J’espère que vous commencez à goûter les doux fruits de la paix. Que vous êtes heureux ! ne cessez jamais de l’être. Je vous embrasse de tout mon cœur.

LETTRE AU MÊME.

26 AVRIL 1768.

Si j’étois en état de faire d’une manière satisfaisante la lettre dont vous m’avez dit le sujet, je vous en enverrois ci-joint le modèle, mais mon cœur serré, ma tête en désodre, toutes mes facultés troublées, ne me permettent plus de rien écrire avec soin, même avec clarté, & il ne me reste précisément qu’assez de sagesse pour ne plus entreprendre ce que je ne suis plus en état d’exécuter. Il n’y a point à ce refus de mauvaise volonté, je vous le jure, & je suis désormais hors d’état d’écrire pour moi-même les choses mêmes les plus simples & dont j’aurois le plus grand besoin.

Je crois, mon bon ami, pour de bonnes raisons, devoir