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gratifié d’une pension. Si jamais nous nous revoyons je vous en dirai d’avantage ; mais mon cœur qui désire ardemment ce bonheur, ne me le promet plus. Je suis trop malheureux en toute chose, pour espérer plus aucun vrai plaisir en cette vie. Adieu, mon ami, adieu mes amis. Si votre liberté est exposée, vous avez du moins l’avantage & la gloire de pouvoir la défendre & la réclamer ouvertement. Je connois des gens plus à plaindre que vous. Je vous embrasse.

LETTRE À Mr. LE MS. DE MIRABEAU.

À Wootton le 8 Avril 1767.

Je différois, Monsieur, de vous répondre, dans l’espoir de m’entretenir avec vous plus à mon aise, quand je serois délivré de certaines distractions assez graves ; mais les découvertes que je fais journellement sur ma véritable situation les augmentent, & ne me laisse plus guère espérer de les finir ; ainsi quelque douce que me fût votre correspondance, il y faut renoncer au moins pour un temps, à moins d’une mise aussi inégale dans la quantité que dans la valeur. Pour éclaircir un problême singulier qui m’occupe dans ce prétendu pays de liberté, je vais tenter, & bien à contre cœur, un voyage de Londres. Si, contre mon attente, je l’exécute sans obstacle & sans accident, je vous écrirai de-là plus au long.