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Du reste, faites comme moi, gardez le silence, & demeurez en repos. Surtout ne me parlez plus de ce qu’on dit dans le public & dans les gazettes. Il y a long-temps que tout cela est mort pour moi.

Il y a cependant un point sur lequel je désire que mes amis soient instruits, parce qu’ils pourroient croire, comme ils ont fait quelquefois & toujours à tort, que des principes outrés me conduisent à des choses déraisonnables. M. Hume a répandu à Paris & ailleurs que j’avois refusé brutalement, une pension de deux mille francs du roi d’Angleterre, après l’avoir acceptée. Je n’ai jamais parlé à personne de cette pension que le Roi vouloit qui fût secrète, & je n’en aurois parlé de ma vie, si M. Hume n’eut commencé. L’histoire en seroit longue à déduire dans une lettre ; il suffit que vous sachiez comment je m’en défendis, quand, ayant découvert les manœuvres secrètes de M. Hume, je dûs ne rien accepter par la médiation d’un homme qui me trahissoit. Voici, Monsieur, une copie de la lettre que j’écrivis à ce sujet à M. le Général Conwai secrétaire d’Etat.*

[*Voyez cette lettre sous date du 12 Mai 1766. Tome XII de cette édition des Œuvres, & Tome XXIV de celles in-8. & grand in-12.] J’étois d’autant plus embarassé dans cette lettre que par un excès de ménagement, je ne voulois ni nommer M. Hume, ni dire mon vrai motif. Je l’envoie pour que vous jugiez quant à présent, d’une seule chose, si j’ai refusé malhonnêtement. Quand nous nous verrons vous l’aurez le reste : plaise à Dieu que ce soit bientôt ! Toutefois ne prenez rien sur vos affaires d’aucune espèce. Je puis attendre, & dans quelque temps que vous