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plantes de la Suisse que je ne trouverai pas ailleurs. Sitôt que je serai arrêté, je consacrerai le goût que j’ai pour les herbiers, à vous en faire un aussi complet qu’il me sera possible, & dont je tâcherai que vous soyez content.

Mon cher hôte, je ne donne pas ma confiance à demi. Visitez, arrangez tous mes papiers, lisez & feuilletez tout sans scrupule. Je vous plains de l’ennui que vous donnera tout ce fatras sans choix, & je vous remercie de l’ordre que vous y voudrez mettre. Tâchez de ne pas changer les numéros des paquets, afin qu’ils nous servent toujours d’indication pour les papiers dont je puis avoir besoin. Par exemple, je suis dans le cas de désirer beaucoup de faire usage ici de deux pièces qui sont dans le Nº. 12. L’une est Pygmalion & l’autre l’Engagement téméraire. Le directeur du spectacle a pour moi mille attentions. Il m’a donné pour mon usage une petite loge grillée ; il m’a fait faire une clef d’une petite porte pour entrer incognito ; il fait jouer les pièces qu’il juge pouvoir me plaire. Je voudrois tâcher de reconnoître ses honnêtetés ; & je crois que quelque barbouillage de ma façon, bon ou mauvais, lui seroit utile par la bienveillance que le public a pour moi, & lui s’est bien marquée au Devin du Village. Si j’osois espérer que vous vous laissassiez tenter à la proposition de M. De Luze, vous apporteriez ces pièces vous-même, & nous nous amuserions à les faire répéter. Mais comme il n’y a nulle copie de Pygmalion, il en faudroit faire faire une par précaution. Surtout si, ne venant pas vous-même, vous preniez le parti d’envoyer le paquet par la poste à l’adresse de M. Zollicoffre, ou par occasion. Si vous venez,