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LETTRE À Mr. D’IVERNOIS.

À Motiers le 22 Avril 1765.

J’ai reçu, Monsieur, tous vos envois, & ma sensibilité à votre amide augmente de jour en jour : mais j’ai une grâce vous demander, c’est de ne me plus parler des affaires de Genève, & de ne plus m’envoyer aucune pièce qui s’y rapporte. Pourquoi veut-on absolument, par de si tristes images, me faire finir dans l’affliction le reste des malheureux jours que la nature m’a comptés, & m’ôter un repos dont j’ai si grand besoin & que j’ai si chèrement acheté ? Quelque plaisir que me fasse votre correspondance, si vous continuez faire entrer des objets dont je ne puis ni veux plus m’occuper, vous me forcerez d’y renoncer.

Je vous remercie du vin de Lunel : mais, mon cher Monsieur, nous sommes convenus, ce me semble, que vous ne m’enverriez plus rien de ce qui ne vous coûte rien. Vous me paroissez n’avoir pas pour cette convention la même mémoire qui vous sert si bien dans mes commissions.

Je ne peux rien vous dire du chevalier de Malte ; il est encore à Neuchâtel. Il m’a apporté une lettre de M. de Paoli, qui n’est certainement pas supposée. Cependant la conduite de cet homme-la est en tout si extraordinaire, que je puis prendre sur moi de m’y fier ; & je lui ai remis pour M. Paoli une réponse qui ne signifie rien, & qui le renvoie à notre