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d’Etat, dont pourtant je doute, d’établir son imprimerie à Motiers. Ce qui me seroit très-commode ; & il est certain qu’à considérer la chose en hommes d’état, tous les membres du gouvernement doivent favoriser une entreprise qui versera peut-être cent mille écus dans le pays.

Cet agrément donc supposé, (c’est son affaire) il reste à savoir si ce sera la mienne de consentir à cette proposition & de me lier par un traité en forme. Voilà, Monsieur, sur quoi je vous consulte. Premièrement, croyez-vous que ces gens-là puissent être en état de consommer cette affaire avec honneur, soit du côté de la dépense, soit du côté l’exécution ? Car l’édition que je propose de faire étant destinée aux grandes bibliothéques, doit être un chef-d’œuvre de typographie, & je n’épargnerai point ma peine pour que c’en soit un de correction. En second lieu, croyez-vous que les engagemens qu’ils prendront avec moi, soient assez sûrs pour que je puisse y compter & n’avoir plus de souci là-dessus le reste de ma vie ? En supposant qu’oui, voudrez-vous bien m’aider de vos soins & de vos conseils pour établir mes sûretés sur un fondement solide ? Vous sentez que mes infirmités croissant, & la vieillesse avançant par dessus le marché, il ne faut pas que, hors d’état de gagner mon pain, je m’expose au danger d’en manquer. Voilà l’examen que je soumets à vos lumières, & je vous prie de vous en occuper par amitié pour moi. Votre réponse, Monsieur, réglera la mienne. J’ai promis de la donner dans quinze jours. Marquez-moi, je vous prie, avant ce temps-là votre sentiment sur cette affaire, afin que je puisse me déterminer.