Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRE AU MÊME.

À Motiers le 4 Avril 1763.

Je suis très-content, Monsieur, de votre dernière lettre, & je me fais un très-grand plaisir de vous le dire. Je vois avec regret que je vous avois mal jugé. Mais, de grâce, mettez-vous à ma place. Je reçois des milliers de lettres où, sous prétexte de me demander des explications, on ne cherche qu’à me tendre des piéges. Il me faudroit de la santé, du loisir, & des siècles pour entrer dans tous les détails qu’on me demande, & pénétrant le motif secret de tout cela, je réponds avec franchise, avec dureté même, à l’intention plutôt qu’à l’écrit. Pour vous, Monsieur, que mon âpreté n’a point révolté, vous pouvez compter de ma part sur toute l’estime que mérite votre procédé honnête, & sur une disposition à vous aimer, qui probablement aura son effet, si jamais nous nous connoissons davantage. En attendant, recevez, Monsieur, je vous supplie, mes excuses & mes sincères salutations.