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LETTRE AU MÊME.

À Montmorenci le 24 Juillet 1761.

Je ne doutois pas, Monsieur, que vous n’acceptassiez avec plaisir les soins que je prenois la liberté de confier à votre amitié, & votre consentement m’a plus touché que surpris. Je puis donc, en quelque temps que je cesse de souffrir, compter que si mon recueil n’est pas encore en état de voir le jour, vous ne dédaignerez pas de l’y mettre, & cette confiance m’ôte absolument l’inquiétude qu’il est difficile de n’avoir pas en pareil cas pour le sort de ses ouvrages. Quant aux soins qui regardent l’impression, comme il ne faut que de l’amitié pour les prendre, ils seront remplis en ce pays-ci par les amis auxquels je suis attaché, & que je laisserai dépositaires de mes papiers pour en disposer selon leur prudence & vos conseils. S’il s’y trouve en manuscrit quelque chose qui mérite d’entrer dans votre cabinet, de quoi je doute, je m’estimerai plus honoré qu’il soit dans vos mains que dans celles du public, & mes amis penseront comme moi. Vous voyez qu’en pareil cas un voyage à Paris seroit indispensable ; mais vous seriez toujours le maître de choisir le temps de votre commodité ; & dans votre façon de penser, vous ne tiendriez par ce voyage pour perdu, non-seulement par le service que vous rendriez à ma mémoire, mais encore par le plaisir de connoître des