Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t16.djvu/283

Cette page n’a pas encore été corrigée

compris mieux la raison dès le même soir, en apprenant qu’il y avoit entre sa chambre & celle que je quittois une porte masquée de communication, qu’elle avoit jugé inutile de me montrer. Son commerce avec G[...]n’étoit ignoré de personne, ni chez elle, ni dans le public, pas même de son mari : cependant, loin d’en convenir avec moi, confident de secrets qui lui importoient beaucoup davantage, & dont elle étoit bien sûre, elle s’en défendit toujours très-fortement. Je compris que cette réserve venoit de G[...], qui, dépositaire de tous mes secrets, ne vouloit pas que je le fusse d’aucun des siens.

Quelque prévention que mes anciens sentimens qui n’étoient pas éteints, & le mérite réel de cet homme-là me donnassent en sa faveur, elle ne put tenir contre les soins qu’il prit pour la détruire. Son abord fut celui du comte de Tuffière ; à peine daigna-t-il me rendre le salut ; il ne m’adressa pas une seule fois la parole, & me corrigea bientôt de la lui adresser, en ne me répondant point du tout. Il passoit partout le premier, prenoit partout la premiere place, sans jamais faire aucune attention à moi. Passe pour cela, s’il n’y eût pas mis une affectation choquante : mais on en jugera par un seul trait pris entre mille. Un soir Mde. D’

[Epina] y se trouvant un peu incommodée, dit qu’on lui portât un morceau dans sa chambre, & monta pour souper au coin de son feu. Elle me proposa de monter avec elle ; je le fis. G[...]vint ensuite. La petite table étoit déjà mise, il n’y avoit que deux couverts. On sert : Mde. D’

[Epina] y prend sa place à l’un des coins du feu. M. G[...]prend