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Vous annoncez, Monsieur, page 3 de votre délicate lettre, que vous n’êtes pas homme à vous formaliser d’être traité comme d’Alembert ; & je conçois que votre petite vanité puisse encore y trouver son compte. Eh bien ! Je vous ai servi à votre gré. Obligée de combattre les odieuses imputations dont M. d’Alembert chargeoit la fatigante mémoire de l’immortel Genevois, j’eus recours à M. Du Peyrou, sentant bien que les armes qu’il me prêteroit, seroient plus tranchantes que tous les raisonnemens que pourroit me fournir mon amour effréné pour la réputation de Jean-Jaques. J’ai fait de même par rapport à vous : c’est encore M. Du Peyrou que j’ai appellé à mon aide, bien sûre que son zele ne se rebuteroit pas : je lui ai envoyé votre lettre ; je l’ai prié de l’examiner ; & de me faire passer tout ce qui dans ma réponse devoit porter le sceau de l’authenticité : il a embrassé ce soin avec tout l’empressement que j’avois lieu de présumer de l’intérêt qui nous anime ; & le service qu’il m’a rendu est d’autant plus touchant, qu’en le chargeant d’acquitter ma parole, je fais plus que je n’avois promis. Je vais, Monsieur, vous communiquer sa lettre à moi & le Commentaire qu’il a fait sur la vôtre : vous y verrez qu’il a négligé (je l’avois bien attendu de son discernement), tout ce qui appartient à votre sentiment particulier sur la personne le caractere, les talens de Jean-Jaques, pour ne s’attache qu’à la discussion des prétendus faits que vous tâchez de métamorphoser en preuves ; & j’espere que vous serez content de ce qu’il y oppose. Je n’entrerai point à son égard, vis-à-vis de vous, dans le détail de tout ce qu’il y a à dire de quelqu’un qui réunit à tous les avantages qu’on peut tenir du hasard, tous