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est moins mal écrite que tout ce que j’avois vu de vous jusqu’à elle. Il y a même quelques phrases élégantes, que j’ai remarquées d’aussi bon cœur, que si vous m’aviez dit les plus jolies choses du monde. Croyez-moi, Monsieur, si vous voulez vous faire une réputation, renoncez à disserter sur la musique, même à calomnier de grands hommes, ce dont vous vous tirez assez gauchement, & invectivez des femmes ; c’est là votre genre.

Il est fâcheux que ce salutaire conseil ne vous ait pas été donné assez-tôt pour prévenir votre second crime ; c’est-à-dire, votre Supplément. Vous n’y articulez rien de nouveau contre J. J. Rousseau, parce que vous aviez épuisé dans l’Essai sur la musique tout ce que la méchanceté la plus consommée pouvoit imaginer de plus propre à le déshonorer : mais vous y soutenez avec une effronterie qu’il faut enfin confondre, la seule de vos accusations dont l’Errata n’ait pas démontré la fausseté : celle d’avoir manœuvré pour faire chasser Voltaire de sa maison des Délices.

Vous croyez m’avoir atterrée en produisant une lettre de Voltaire, adressée à je ne sais qui, de je ne sais où. Une lettre de Voltaire !..... contre Rousseau !..... Si je nie permettois de plaisanter sur un sujet aussi grave, je dirois que c’est se rétracter que de produire une pareille preuve. Mais je me suis engagée à discuter toutes celles que vous allégueriez, à les vérifier, à les détruire.*

[*Errata de l’Essai sur la Musique, page 84.] J’aurois pu ajouter à vous pétrifier : car je savois bien où prendre la tête de Méduse, & dans un instant je vais vous la montrer.