Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/555

Cette page n’a pas encore été corrigée

que parcouru), la vertu & le génie ne mettant point à l’abri de l’altération des organes, comment pourroit-on n’y pas reconnoître Rousseau ? Quel est l’écrivain, (excepté vous, Monsieur, qui certainement n’en êtes pas l’auteur,) qui, jouissant de toutes ses facultés, pût mettre dans ses ouvrages la profondeur de raisonnement, la chaleur d’expressions, l’élévation d’idées, & les graces de style qui éclatent dans celui-là ? En vérité, la folie, qui écriroit ainsi, décréditeroit à jamais l’éloquence de la raison. Ce n’est pas tout ; à titre d’éclaircissement vous ajoutez, Monsieur :

1°. L’auteur de la brochure convient que les articles de musique fournis à l’Encyclopédie par M. Rousseau, ne m’ont été remis qu’en 1750. Or, en 1749 j’avois donné à l’Académie des sciences un extrait fort détaillé (imprimé la même année) de la théorie de M. Rameau.

C’est, Monsieur, ce que personne ne vous conteste, & ce qui est fort indifférent à l’objet dont il s’agit. Il en est d’autant plus surprenant que vous cherchiez à tirer avantage de l’aveu d’un homme que vous regardez comme un fou.

2°. M. Rousseau n’a gueres fait mention de ces principes ; (de ceux de M. Rameau) que pour les combattre ; il les avoit d’abord approuvés ; mais il changea d’avis depuis une querelle qu’il eut avec ce savant musicien.

Eh ! Monsieur, est-il digne de vous de supposer des motifs vicieux à la révolution qui s’est opérée en fait de musique dans eu dans les opinions de M. Rousseau, quand elle peut en avoir eu d’innocens ? À mesure qu’on acquiert de l’expérience, & que le goût se perfectionne, on en vient à faire peu de cas de ce