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sens commun ; qu’il faut que vos contemporains, & la postérité, ne s’en rapportent qu’à vous, Monsieur ; qu’en fait de sciences, & d’arts, vous êtes le seul juge compétent ; & qu’il ne doit subsister de réputations, que celles que vous aurez daigné faire. Oh ! certainement, vous vous joindrez à moi pour dire tout cela.

On connoît assez sa vie, ses caprices, &ses paradoxes, pour qu’il ne soit pas besoin d’en parler davantage.

Nous nous contenterons d’observer, que pendant qu’il écrivoit avec acharnement contre le danger des spectacles, il faisoit une comédie. (Narcisse, ou l’Amant de lui-même.)

Oui, pendant, rien n’est plus exact. Il fit la mauvaise comédie de Narcisse en 1730, la publia en 1752, & écrivit l’excellente lettre sur le danger d’établir des spectacles dans sa patrie (autre rapport avec Platon), en 1758. Au reste, Monsieur, ce Jean-Jaques savoit lire dans l’avenir ; voyez la réponse qu’il m’a fournie.

“Il est vrai qu’on pourra dire quelque jour : cet ennemi si a déclaré des sciences & des arts fit pourtant & publia des pieces de théâtre ; & ce discours sera, je l’avoue, une satire très-amere, non de moi, mais de mon sieçle.”*

[*Fin de la préface de Narcisse.]

Que pendant qu’il écrivoit des injures à notre Nation, lui nioit qu’elle eût une musique, & vouloit lui prouver que sa langue n’étoit pas propre à être mise en chant, il faisoit un opéra sur des paroles françoises.

Que trouvez-vous là de contradictoire, Monsieur ? Jean-Jaques n’avoit pas dit que nous ne puissions pas avoir d’opéra,