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vous devez en être convaincu ; il ne doit vous rester aucun doute sur la louable franchise qui regne dans l’aveu qu’a fait M. d’Alembert à ses familiers, de son aversion pour l’offusquant Genevois ; vous en avez trouvé plus d’une preuve da le verbeux Eloge qui fait le sujet de cette lettre très-verbeuse aussi, & pour cause : ce seroit bien se moquer qu’une femme babillât moins qu’un Académicien : il faut en tout observer, les convenances. D’après cette regle, je vous dirai, & ce qu’il nous a déjà dit, & ce qu’il s’est bien gardé de nous dire. Vous lui avez donné peu d’attention, je le sais : cependant comme il y a des choses qui nous frappent en dépit de notre volonté, vous aurez surement remarqué les jolies plaisanteries que contient la vingtieme page. Que de sel, de finesse, de grâces, & de légèreté !.....Le noble courroux qui a dicté l’épithete coupable, employée à la seconde ligne de la page cinquantieme & l’édifiante générosité qui vient enchaîner ce courroux, ne vous auront sans doute pas échappé.....Ces deux endroits ne vous ont-ils pas rappellé les LVI & LXV. fables du charmant La Fontaine ? Quant à moi, j’ai cru voir le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L’ACADÉMIE FRANÇOISE donner la patte à M. Diderot, & alonger un coup de pied à Jean-Jaques.

C’est grand dommage, Monsieur, que la vérité des faits soit incommensurable ! Sans cela l’exactitude des conteurs géometres nous consoleroit de leur pesanteur. M. d’Alembert ne nous diroit pas, le philosophe Genevois lui écrivit un jour (à Mylord) qu’il étoit content de son sort, mais qu’il gémissoit sur les malheurs dont sa femme étoit menacée en cas qu’elle vînt à le perdre ; qu’il vouloit seulement lui procurer par son travail