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Mais, Messieurs les Rédacteurs du Journal, qui sont le procès à l’Editeur du Supplément, se croyent-ils donc irréprochables ? S’ils pensent, comme ils le disent, que sa publication soit une injure à la réputation de Jean-Jaques, il falloit n’en point parler. Ce qu’ils en disent n’est pas fait pour inspirer le desir de le lire ; & ceux qui ne le liront pas, croiront, sur la parole de ces Messieurs (s’ils ne croyent rien de pire), que l’on n’y reconnoît pas le grand Ecrivain : or assurément on l’y reconnoît si bien, que personne ne s’est avisé de douter qu’il en fût l’Auteur, bien qu’on y eût été autorisé par la plus légere apparence ; puisque, de son vivant même, ses ennemis ont osé lui attribuer leurs ouvrages. Que conclure de tout cela, Monsieur ? Que si quelque chose pouvoit faire tort à Jean-Jaques, ce seroit la réclamation de M M. les Rédacteurs.

L’obscurité & le malheur étoient alors son partage.

Ils l’ont été trop tôt, & trop long-tems. Voilà enfin une vérité souvent contestée, qui s’établit à la faveur de la publication du Supplément : aussi redouble-t-il mon admiration pour l’homme étonnant qu’on a l’air de craindre qu’il ne déshonore. Jean-Jaques me paroît un prodige, quand je compare le point d’où il est parti, avec celui où il est arrivé, en dépit des obstacles qui se sont accumulés sous ses pas, & de la privation des ressources qui ont manqué à sa jeunesse.

Il écrit à une Dame qui a eu le bonheur de mériter d’être sa bienfaitrice, &c.

Ces Messieurs n’auroient-ils pas parlé plus juste, en disant qu’il a mérité qu’elle le fût, par la façon dont il a répondu à ses soins, & reconnu ses services ? Il paroît, Monsieur, que