Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/400

Cette page n’a pas encore été corrigée

comme lui avec l’illustre Genevois, qui en eussent fait disparoître les traits offensans pour ce grand homme, & qui eussent soufflé sur la bouffissure du style dont il est écrit ?

Je ne conçois pas qu’on ait pu soupçonner un seul instant M. de Gérardin, d’avoir mis au jour un avis de cette nature ; lui qui a donné tant de preuves de son attachement à votre illustre ami ? Est-il vraisemblable qu’il ait avancé que l’unique ressource de Madame Rousseau, consiste en un recueil de petits airs composés par son mari ? N’auroit-il pas, s’il s’étoit exprimé ainsi, joint la mal-adresse à la cruauté ? c’eût été désavouer en quelque sorte les services & les ressources que Madame Rousseau trouve dans son amitié, dans la sensibilité de son cœur. Je pense donc comme vous, Madame. On ne me persuadera jamais qu’il soit l’Auteur d’un avis aussi méchant & aussi ridicule, & il doit se trouver fort offensé qu’on en ait eu même l’idée.

Quel qu’il soit, cet Auteur ténébreux, il doit rougir de son ouvrage ; qu’il continue d’ensevelir son nom dans l’obscurité pour laquelle il est fait. Cette précaution qu’il a prise, prouve qu’il a senti lui-même combien étoit indécent le rôle qu’il jouoit, & révoltant le ton qu’il osoit prendre en parlant d’un homme tel que Rousseau.

Je ne finirai point cette lettre, sans vous remercier, Madame, des choses obligeantes, que votre indulgence vous a dictées pour moi ; votre maniere de penser & d’écrire donne un nouveau poids à votre suffrage, & m’en sont sentir tout le prix ; puissé-je un jour m’en rendre digne !

Je suis, &c.