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moi, les adopter, plutôt que de priver mes lecteurs d’un morceau fait pour leur plaire.

Le nom de J. J. Rousseau suffit pour exciter le plus vis intérêt, & la maniere dont il est vengé ne peut que le justifier & l’accroître. Madame D. R. G * * *. trace, avec beaucoup de finesse, le caractere de ce grand Ecrivain, d’après les ouvrages immortels qu’il nous a laissés. Le style de cette lettre est noble, pur, élégant. M. de la Harpe sera le seul qui s’en plaindra ; mais il lui sera aisé de se consoler, en se rappellant, avec sa modestie ordinaire, que le divin Orphée fut autrefois déchiré par les Bacchantes.

LETTRE à l’Auteur

[d’Alembert] de ces feuilles sur un article du Mercure & du Journal de Paris concernant J.J. Rousseau.

MONSIEUR,

Dans le premier mouvement d’indignation que me causa la lecture de l’article qui se trouve dans le Mercure du 5 octobre concernant J. J. Rousseau, je vous demandai si vous vous proposiez de défendre ce grand homme. Je crus que vous montrer le desir qu’avoient ses véritables partisans, de vous voir embrasser sa querelle, c’étoit vous y engager. Vous me répondîtes plusieurs jours après, que vous ne vous proposiez nullement de venger Rousseau dans ce moment-ci. Je ne pus attribuer ce retard qu’à l’abondance des matieres qui devoient entrer dans votre excellent Journal. Il ne me paroissoit pas naturel que vous renonçassiez à un honneur que vos talens, & l’opinion publique vous déféroient ; après y avoir bien pensé,