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Il l’a dit cependant ; pourquoi ne voulez-vous pas le croire, puisque vous vous en rapportiez à lui, il n’y a qu’un instant ? Pourquoi ? C’est que destitué de principes ; indifférent sur la vérité & sur le mensonge ; sensible au seul attrait de nuire ; vous avouez qu’un homme est digne de foi, ou vous niez qu’il le soit, selon que cela convient à vos perfides desseins.

Les lettres de la Montagne sont un ouvrage encore plus insensé, s’il est possible, que la profession de foi qu’il signa entre les mains de M. de Montmollin.

En vérité, Monsieur, vous faites bien de l’honneur à la piété, ou aux lumieres de M. de Montmollin, en l’accusant publiquement d’avoir sur une profession de foi si insensée, qu’il est presqu’impossible que quelque chose le soit davantage, admis à l’acte le plus important de sa religion, un homme dont le opinions en matiere de dogmes lui avoient été suspectes.

L’objet de cette lettre est d’animer une partie des citoyens de sa patrie contre l’autre.

De quel droit décidez-vous que les intentions de Jean-Jaques sont diamétralement opposées à l’idée qu’il en donne ? Il désapprouve la démarche des Représentans ; il s’y est opposé de tout son pouvoir ; ses parens s’en sont retirés à sa sollicitation. Il le dit, & personne ne le conteste. Est-ce là la conduite d’un homme qui veut déchirer le sein de sa patrie, sans autre intérêt que le plaisir de faire parler de lui, puisqu’il s’en étoit déjà retranché ? Est-ce à Jean-Jaques à rechercher célébrité d’Erostrate ? Les lettres de la Montagne n’ont point donné lieu aux troubles de Geneve, puisqu’ils en sont le sujet. Voilà tout ce que mon ignorance me permet de dire sur cet