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pas la peine d’être combattu. Il n’est seulement pas vraisemblable qu’un homme qui avoue une mauvaise comédie qu’on ne savoit pis être de lui, se donne pour auteur de la musique d’un opéra qu’il n’a pas faite. Passons à des choses aussi fausses, & plus graves.

On a très-mal instruit M. de Voltaire si on lui a dit que M. de Montmollin se piquoit de finesse & de délicatesse. Ces un homme très-simple, & très-uni ; à qui on n’a reproché que de s’être laissé séduire trop long-tems par Rousseau.

C’est vous, Monsieur, qu’on a très-mal instruit. M. de Montmollin trop fin pour se piquer de finesse, n’a de simple & d’uni que l’extérieur. Il est adroit, souple, pâtelin, circonspect ; & a plus d’esprit qu’il n’en faut pour n’être la dupe de personne. Je tiens ce portrait (que j’abrège) de gens qui le connoissent, & qui ont étudié sous ses loix. Jean-Jaques ne l’a point séduit. mais il n’a point séduit Jean-Jaques ; & voilà la source de leurs démêlés.

Non-seulement la déclaration de J. J. Rousseau contre le livre de l’Esprit, & contre ses amis,*

[*Je voudrois bien savoir ce que c’est que les amis d’un livre.] est entre les mains de M. de Montmollin, mais elle est imprimée dans un écrit de lui, intitulé : Réfutation d’un libelle, page 90.

Voilà bien le plus criant abus qu’on ait jamais fait de la faculté d’écrire ! J’ai sous les yeux l’écrit de M. de Montmollin que vous citez, Monsieur. Ce ministre y rapporte (depuis la page 82 jusqu’à la page 101, ainsi la page 90 s’y trouve comprise), une lettre qu’il avoit écrite le 25 septembre 1761 à