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de soutenir ceux du mérite opprimé. Je crois, & je dis avec assurance que les accusations intentées contre J. J. Rousseau sont des impostures, parce que tout ce qui est avancé sans preuves contre un homme dont la célébrité peut exiter l’envie, doit être regardé comme tel : parce que le caractere que ses accusateurs décelent dans leurs écrits, rend leurs dépositions suspectes : enfin parce que les préjugés dans une ame honnête sont toujours en faveur de l’honnêteté d’un auteur dont la morale est saine ; & dont la conduite, sans doute rigoureusement observée par ses ennemis, ne leur fournit pas la matiere d’un seul reproche sensé.

À chaque instant on voit éclore de nouveaux libelles, dans lesquels Jean-Jaques est peint avec les plus affreuses couleurs. Ses perfécuteurs, que leur acharnement aveugle, ne s’apperçoivent pas que de semblables portraits déshonorent les pinceaux & non pas le modelé. En effet, que résultera-t-il du ramas d’horreurs qu’on publie sur son compte ? Les esprits libres d’animosité, & de jalousie ne se persuaderont jamais que, sincere jusqu’à tout sacrifier à l’obligation de dire ce qu’il croit la vérité, jusqu’à avouer ses défauts, ce qui est bien plus fort encore, Jean-Jaques soit en même tems assez consommé dans l’art de feindre, pour avoir joui jusqu’à cinquante-quatre ans de la réputation d’honnête homme sans la mériter, Réputation encore si respectable, & par conséquent si bien acquise, qu’aucun de ses ennemis n’ose l’attaquer à visage découvert. Que ceux qui savent de Jean-Jaques un trait opposé à la probité, qui lui ont vu faire une bassesse, qui l’ont convaincu de mensonge, le disent, & se nomment : voilà comme