Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/353

Cette page n’a pas encore été corrigée

sens commun ; que le roi de Prusse, qui ne connoît Jean-Jaques que par ses livres, & qui l’a ouvertement honoré de la plus spéciale protection, non-seulement à titre d’infortuné, mais à titre d’homme de mérite, n’a pas le sens commun. Eh ! Monsieur, sans compter ce que M. de Voltaire doit de reconnoissance aux puissances ecclésiastiques, & séculieres, au public, & au roi de Prusse ; comment M. de Voltaire, qui a tant de jugement, auroit-il fait une telle bévue ?

Ces raisons me suffisent pour croire que M. de Voltaire n’a point fait le Docteur Jean-Jaques Pansophe, ni même la lettre (adressée à M. Hume) qui le précede dans une brochure qui vient de paroître, malgré le désaveu que cette lettre contient. Un désaveu ! C’est pourtant bien là le cachet de M. de Voltaire......N’importe ; ces lettres ne sont pas de lui ; elles n’en peuvent pas être. Sans doute elles viennent de la même source qu’un autre libelle intitulé : Confession de M. de Voltaire, qui parut il y a quelques années, aussi sous son nom. Vous ne la connoissez peut-être pas, Monsieur, cette Confession. C’est une piece de vers, mal faite, & de mauvais goût ; mais pleine de choses si fortes, que M. de Voltaire ne pourroit les avouer, quand elles seroient vraies, (ce qu’il faut bien se garder de croire,) qu’aux pieds d’un capucin, dans quelque violent accès de colique, qui rendroit sa profession de foi plus étendue que celle qu’on lui fait faire dans le Docteur Jean-Jaques Pansophe.

En vérité, Monsieur il est bien malheureux que les loix ne sévissent pas contre ces monstres de méchanceté & de bassesse qui, à la faveur des noms les plus imposans, exhalent