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trouvent dans les ouvrages de Jean-Jaques ; & que tout le monde reconnoît à force de les avoir lus. Mais elles sont si bêtement, ou si indignement défigurées, qu’elles ne peuvent avoir été mises dans cet état que par quelqu’un dont la tête est aliénée, ou dont le cœur est corrompu. En vérité, cela ressemble bien à M. de Voltaire, lui dont la justesse de l’esprit & la droiture de l’ame sont les attributs distinctifs ! Et puis, si M. de Voltaire pouvoit être soupçonné d’animosité contre Jean-Jaques, le moyen d’imaginer qu’il fût assez gauche pour prouver, en altérant ceux de ses passages qu’il cite, qu’il est lui-même convaincu qu’on ne peut nuire à cet Auteur, en le citant fidellement ? Ah ! Jean-Jaques, pour avoir tant étudié les hommes, vous connoissez bien peu l’homme dont il est question !

6°. Je sais bien que M. de Voltaire, dont la grande ame ne s’occupe que de l’intérêt général, s’embarrasse peu de faire pleurer celui à qui, il parle, pourvu qu’il faite rire ceux qui l’écoutent. Mais quand il veut faire rire aux dépens de quelqu’un, il s’attache à en saisir les ridicules, plutôt qu’à lui en supposer : son ironie est fine, & ses tournures ingénieuses. Or tout le persifflage de la lettre dont il s’agit porte à faux ; & n’a ni sel, ni variété.

7°. Enfin l’auteur de cette lettre dit à Jean-Jaques, que ses livres ne méritoient pas de faire tant de scandale & tant de bruit. C’est comme s’il disoit que les puissances ecclésiastiques & séculieres, qui se sont alarmées des livres de Jean-Jaques, n’ont pas le sens commun ; que le public, sur qui les livres de Jean-Jaques ont fait tant de sensation, n’a pas le