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rend plus capables que personne d’apprécier celui de ce vrai philosophe ; animés pour lui d’une amitié ardente, & d’un zele infatigable ; dépositaires de ses dernieres volontés ; Editeurs de la seule collection de ses œuvres, qu’on doive tenir pour authentique ; enfin, dignes de lui succéder dans le cœur des gens sensibles, qui l’ont tous aimé, & même dans l’opinion publique, puisqu’ainsi que lui, ils honorent les talens en en faisant le plus noble usage. J’aurois certainement pour ces deux respectables amis de mon ami, des déférences plus coûteuses : car il faut l’avouer, celle-ci s’accorde avec mon inclination comme avec mon devoir. Je sens qu’autant auroit-il valu ne pas faire ces lettres, que de m’en tenir à la maniere dont elles ont été publiées. Les brochures isolées, qui n’ont qu’un objet, ne peuvent satisfaire que sur cet objet, & ne sont gueres lues que de ceux qui y prennent intérêt : mais un corps de défenses embrase tout, & est lu de tout le monde.

Je sais bien qu’un partisan de Jean-Jaques a dit, tout en écrivant en sa faveur, à Dieu ne plaise que je veuille me donner les airs d’être le défenseur de Jean-Jaques ; il n’en a pas besoin ; ses ouvres existent. Ou je me trompe beaucoup, ou il y a dans cette phrase plus de sentiment que de réflexion. Elle a beau faire honneur à M. de Marignan, en invitant à croire qu’il voit dans les œuvres de Jean- Jaques, la réfutation complete de toutes les calomnies qu’on a débitées contre lui, il n’en seroit pas moins dangereux que la façon de penser qu’elle annonce fût adoptée par tous les amis de Jean-Jaques. Si on n’attaquoit que ses œuvres, à la rigueur ils pourroient se taire & les laisser parler : mais ce sont ses mœurs, son caractere,