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LETTRE Aux Rédacteurs du Journal de Paris sur la Note précédente.

MESSIEURS,

Aussi-tôt après la mort de Jean-Jaques Rousseau, on a imprimé qu’il étoit un artificieux scélérat.

S’il nous a trompés, quel homme devenant son accusateur ne nous seroit pas suspect ? Avant de le traiter de fourbe, il faut avoir durant soixante ans, prouvé aux yeux de tout l’univers, qu’on ne l’est pas soi-même. Quiconque voudra lui contester sa vertu, nous doit de la sienne de bien puissans témoignages ; & ceux qui avec un trait de plume veulent flétrir sa réputation, seront forcés d’avouer qu’il n’est personne au monde qui puisse se croire à l’abri d’un attentat si commode.

M. Pierre Rousseau, rédacteur du Journal de Bouillon, semble l’accuser aujourd’hui, non d’artifice, mais d’une sorte imposture, & voici sa preuve.

En 1750, il reçut une lettre signée Grenet ou Garnier, adressée à M. Rousseau, Auteur à Paris, conçue à-peu-près ainsi :

M. je vous ai envoyé la musique du Devin du Village, dont vous ne m’avez pas accusé la réception. Vous m’avez promis d’autres paroles ; je voudrois bien les avoir, parce que je vais passer quelque tems à la campagne, où je travaillerai, quoique ma santé soit toujours chancelante.

En 1753 Jean-Jaques donne le Devin du Village. M. Duclos