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que M. Jean-Jaques Rousseau n’étoit pas encore connu, du moins à Paris.) Comme nous ne pouvions pas présumer que cette lettre dût tirer à conséquence, nous négligeâmes de la garder, & elle eut le sort de tous les papiers qu’on croit inutiles, & dont nous étions alors surchargés. Quand on donna en 1753, le Devin du Village, nous fîmes part de cette anecdote à M. Duclos, de l’Académie Françoise, qui s’étoit déclaré ouvertement l’admirateur de cet Intermede ; il parut en desirer quelque preuve. N’ayant point retrouvé cette lettre intéressante, nous écrivîmes à Lyon, d’où l’on nous répondit que le musicien, dont nous demandions des nouvelles, étoit mort depuis deux ans. Le Devin du Village eut le plus grand succès. Les choses en resterent là ; mais ayant eu occasion de parler dans notre Journal des ouvrages de M. Jean-Jaques Rousseau, nous osâmes dire que nous doutions qu’il fût l’Auteur de la musique de cet Intermede ; &, pour qu’il ne prétendît point l’ignorer, nous lui envoyâmes le volume du Journal dans lequel il en étoit question : il garda le silence le plus profond. Quelque tems après, en rendant compte d’autres ouvrages de ce célebre Ecrivain nous revînmes à la charge, & nous nous expliquâmes encore plus clairement que la premiere fois : même attention pour lui ; même silence de sa part. Nous vous eu depuis occasion de nous rencontrer plusieurs fois, & jamais il ne nous en a parlé. Pourquoi s’est-il tant élevé contre ce bruit dont nous sommes les instigateurs, & dans un orage qui ne devoir paraître qu’après sa mort ? Au reste, il est très-possible que n’ayant pas jugé bonne la musique