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j’invoquerois pour purger sa mémoire de tous ces reproches. Ou tout me trompe dans mes conjectures, ou cet écrit doit mettre le sceau à sa probité & à sa vertu.

De plus, on doit rejetter de pareils faits, quand ils ne sont pas évidemment prouvés, sur-tout lorsqu’ils sont démentis par une vie entiere. Le total de la vie de Rousseau m’apprend clairement qu’il n’a pu être ni un homme faux, ni un homme méchant avec dessein. Il faut nécessairement expliquer de quelque que autre maniere ces différens traits de conduite, en supposant leur vérité prouvée, puisqu’on est forcé par l’ensemble de sa vie & d’une vie bien rare, de reconnoître dans Rousseau un philosophe pratique, droit, & non comme dit Montagne philosophe parlier & de pure ostentation. D’ailleurs ce ne seroit pas quelques torts graves ; ce ne seroit même pas un grande faute qui m’empêcheroit de mettre Rousseau au rang unique dû je le place. C’est un homme que j’admire en lui, & non un ange que je prétends y trouver ; & cet homme voici malgré toutes les détractations, ce qu’il est à mes yeux. S’il s’y est mêlé quelques vices d’humeur habituelle, des traits choquans d’un caractere ombrageux ou trop sensible, même des taches dans diverses actions particulieres que l’on ne peut gueres révoquer en doute sur la foi de nombre de rapports, tout cela, selon moi, ne change rien dans Rousseau à l’homme essentiel. Ses maladies, ses peines de toute espece, sans tout cela l’humanité seule, si on l’écoute, en excuseroit bien davantage encore, aux erreurs près de ses principes religieux que nous n’avons garde de vouloir encore un coup justifier.

Quoi qu’il en soit, je pense que Rousseau a aimé la gloire