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cet ouvrage où Rousseau, malgré bien des écarts, offre, du ton de sensibilité le plus infinuant, aux hommes de tout état & de tout pays, une infinité de regles de conduite non assez méditées, & qui sont la vraie source du peu de bonheur permis à l’espece humaine sur la terre ; bonheur qui ne découle dans son livre, comme il ne provient en effet, que de la vertu seule.

On sent parfaitement que cet éloge ne s’applique qu’à des points de moralité de l’ouvrage, & qu’il ne peut être fait pour justifier ce qu’il y a justement de répréhensible par rapport à la religion.

Rousseau étoit sur le point de lever le voile de dessus les loix politiques des empires, & de peser, à la balance de l’équité, les droits des humains dans les diverses constitutions ; de sorte qu’après avoir instruit l’homme dans son état privé, il allait le servir & le défendre dans son état public. C’est dans cet esprit qu’il entreprit son Contrat Social, celle de toutes ses productions qui caractérise le plus le génie, & qui annonce un esprit profondément versé dans ce qu’il est le plus difficile comme le plus important de connoître. Les principes de ce livre anéantissent en partie ceux qui ont été posés jusqu’à présent sur le même sujet, & ils sont tels qu’ils portent les premieres vérités de la terre, les vérités les plus abstraites presque jusqu’à une démonstration mathématique. Ce travail n’étoit, dans le plan de l’Auteur, que la pierre d’attente d’un ouvrage complet en ce genre. Il alloit en trop dire, & certainement avec danger pour les grandes sociétés, parce que cette extrême perfection politique est malheureusement dans le

fait impraticable, lorsqu’il s’arrêta sans doute par ces