Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/257

Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRE XLII.

Je croyois, Monsieur, borner à la derniere lettre toutes celles que j’avois à vous écrire. Mais en parlant de vous à bien des gens que je consulte ou qui me consultent sur votre compte ; car si c’est-là ce que vous avez prétendu, comme je le crois, de faire beaucoup parler de vous, vous êtes bien servi ! Il s’est mû une question sur ma façon de trancher toutes les vôtres par voie de fait autant que je le puis, & rarement par voie de droit, & beaucoup moins de raisonnement & de dissertation interminable.

Car je ne connois de voie de droit à priori que dans la géométrie ; & par-tout ailleurs dans la métaphysique, & même dans la religion & la foi, je ne connois le droit à posteriori que par le fait de tradition & d’histoire. Par ce qui est, je découvre, facilement même, ce qui peut ou ce qui doit être ; au lieu que la possibilité ou le devoir des choses est toujours équivoque, & ne peut jamais en constater l’existence qui est arbitraire & accidentelle.

Le grand commun des hommes, philosophes même, ne conviennent des effets, qu’autant qu’ils en connoissent les causes chose presque toujours impossible dans les affaires les plus naturelles & de pure physique, & tout-à-fait folle à entreprendre dans les affaires surnaturelles, de religion & de foi. Sur quoi, en parlant de vous & de vos questions, toutes de droit & de pure possibilité, selon vous, je disois, que d’un