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Ma façon, quand j’ai quelque goût ou quelque dégoût, dont puis me bien rendre raison ni à autrui : quand j’ai que générale à établir ou à réfuter, est de remonter aux grands & vrais principes de la raison, & sur-tout de la foi, à l’Ecriture sainte, à l’Eglise.

Constamment la religion, la foi, l’Ecriture, l’Eglise sont la derniere & ultérieure raison de tout, la raison même de la raison, & en un mot, la derniere résolution de toutes les difficultés, de morale sur-tout, de jurisprudence, de politique, d’histoire, de physique. Il n’y a que la géométrie, je suis bien aise de le dire, que l’Ecriture, la religion & l’Eglise ayent un peu abandonnée à notre pure raison, parce qu’effectivement la raison lui suffit, Dieu ne faisant jamais per plura ce qui peut se faire per pauciora.

Nous avons deux sortes de vérités dans le monde, les vérités naturelles & les surnaturelles. La géométrie seule est en possession des vérités naturelles. Dieu nous en a donné l’évidence, la pleine connoissance, la démonstration. Elles n’ont point d’autre tribunal que l’esprit particulier même d’un chacun. Au lieu que les vérités morales ou surnaturelles ont deux tribunaux, dont celui de la raison est subalterne à celui de la foi, qui est en dernier ressort & sans appel.

Sans vouloir même aller jusqu’à la foi, & sans porter la question de M. R. à la décision de l’Eglise, me contentant d’entrer ici dans son esprit & dans celui de nos livres saints, j’observe, que loin d’anathématiser nos sciences, l’Ecriture sainte les canonise en général, & que l’Eglise est l’organe le plus ordinaire & comme unique, dont Dieu s’est servi de tout