de moi, qui ai fait de l’arithmétique un art fort simple, fort naturel, fort facile.
Terrible esprit de contradiction, que M. R. porte par-tout ! Il ne tient pas à lui, qu’il ne nous rende l’arithmétique & la simple numération, tout ce qu’il y a au monde de plus difficile, sans doute pour nous en rebuter & nous tenir toujours dans notre état originaire de Pongos, hommes-bêtes ; car il est au moins conséquent, ce qui est facile à un homme qui aboye toute vérité.
M. R. est homme d’esprit & habile homme : on l’avoir cru jusqu’ici. Mais il faut que tout ce qu’il a appris, sa langue même lui ait coûté beaucoup de tems, de mémoire ou d’effort d’esprit, ou bien qu’il suppose en effet les plus gens d’esprit bien bêtes, & pis que singes & Pongos. Car à tout, il imagine qu’il a fallu des tems infinis pour y arriver & pour inventer.
Il convient pourtant “qu’il est aisé d’expliquer le sens des nombres, & d’exciter les idées que ces noms représentent : mais pour les inventer, dit-il, il fallut avant que de concevoir ces mêmes idées, s’être pour ainsi dire, familiarisé avec les méditations philosophiques, s’être exercé à considérer les êtres par leur seule essence, abstraction très-pénible, très-métaphysique, très-peu naturelle.”
Si j’égoïse un peu & me cite humblement, & pour me dédommager un peu du vis-à-vis de M. R. c’est qu’effectivement je le trouve toujours en une contradiction spéciale avec moi, avec mes ouvrages & avec toute ma façon de penser. Mon propre plan de tout tems a été d’agrandir les arts & l’esprit humain, selon M. de Voltaire même, de donner de l’esprit