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si ce n’est dans l’hérédité de leurs biens pécuniaires & physiques. Car c’est toujours de physique, si ce n’est de la physique chez M. R.

Enfin en propres termes M. R. nous dit d’un ton ici moqueur, ailleurs amer, que “les jurisconsultes qui ont gravement prononcé que l’enfant d’un esclave naîtroit esclave, ont décidé en d’autres termes qu’un homme ne naîtroit pas homme.” Ce qu’il y a de plaisant, c’est qu’absolument c’est M. R. qui a gravement prononcé dans tout son livre qu’un homme ne naissoit pas homme raisonnable, mais animal & sauvage, sans société, sans devoirs, &c.

Comme sans cesse M. R. répété, même en se contredisant, je suis bien obligé de le répéter en le contredisant. Il revient au contrat entre les Souverains, c’est-à-dire, il en parle de, plus en plus clair. Car il ne se répéte que parce qu’il est timoré ou timide, du reste scrupuleux, n’osant d’abord dire tout ce qu’il pense, mais se reprochant bientôt de n’avoir pas tout dit.

Il dit donc tout net ici, que le sujet rentre dans tous les droits de sa liberté sauvage & animale, physique enfin, lorsque le roi, le prince, le magistrat, le pere commun quelconque, manque par des injustices ou des oppressions au prétendu contrat de la société avec son chef. Ce contrat est une chimere, un titre de révolte ; s’il y a ici un contrat, c’est avec Dieu. Les sujets n’entrent dans ce contrat que comme sujets ; le contrat s’il y en a, est de Dieu au prince, & du prince à Dieu. Le prince promet de bien gouverner, au jugement de Dieu : le sujet n’a que la soumission, la patience & la prie en partage.