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douteux qu’en général il ne faille obéir à tous, au père, au grand-pere, à l’aïeul, &c. & en même tems aux peres, grands-peres & aïeux, c’est-à-dire, aux magistrats, gouverneurs, princes, rois de toute la société nationale des sociétés. Et alors il est vrai que le pere général dispense quelquefois de l’obéissance aux peres particuliers, qui sont même censés obéis dans les choses où ils doivent obéir eux-mêmes aux peres communs, & y diriger l’obéissance personnelle que leur doivent leurs enfans.

Le pere de la patrie doit en tout tems être obéi préférablement aux peres des patriotes, parce qu’enfin c’est le pere des peres & des enfans. M. R. ne balance pas à changer le pouvoir paternel en despotisme qu’il traite même bientôt de tyrannie, pour peu qu’il soit poussé au-delà du besoin des enfans. Encore M. R. se pique-t-il quelquefois d’un peu d’avisement ou de ravisement.

Comme il sent après-coup que tout ce qu’il dit tombe à plomb sur nos Rois, les meilleurs Rois qu’il y ait au monde, depuis au moins 1200 ans ; vîte, il a soin d’y mettre un palliatif qui ne corrige rien. Il convient même que son systême est odieux. Car il dit : “Ce systême odieux est bien éloigné d’être celui des sages & bons monarques, & sur-tout des Rois de France.” Pour prouver cela il ne cite qu’un passage tiré d’un édit de Louis le Grand, qu’on sait bien n’être pas le meilleur de nos Rois pour ceux de la religion de M. R. depuis la révocation sur-tout de l’édit de Nantes.

Il insiste au reste fort peu ou point du tout sur l’édit cité, & tout de suite il y reprend des forces pour revenir contre