Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

sorte de reproduction & de création. Et voilà le droit paternel dans toute sa force & dans tout son exercice. Il faut tant de tems avant que des enfans soient des hommes faits & des gouverneurs ! & cette société naissante ou renaissante est bien éloignée de ratifier le droit de gouvernement & de législation, que M. R. veut lui donner sur la société paternelle & maternelle, ou paternelle tout court, que M. R. a l’imprudence de, vouloir en dériver.

L’imprudence en est complete & contre tout droit de nature, physique autant que moral dans M. R. qui va jusqu’à dire qu’à un certain âge où les enfans n’ont plus besoin de leurs peres, ils leur doivent du respect non l’obéissance. M. R. va-t-il prêcher la désobéissance des enfans à leurs parens ? C’est un terrible homme que M. R. il empoisonne & corrompt tout, la nature même la plus saine comme la plus corrompue, en traitant celle-ci d’innocente, & celle-là de corrompue.

Qu’est -ce donc que le respect filial’ si ce, n’est de l’obéissance ? Dans l’Evangile J. C. réprouve formellement tout respect rendu aux parens par les enfans, lorsqu’il se borne à de simples honneurs de cérémonie & de formalité, & ne va pas jusqu’aux services les plus effectifs, à la déférence, à l’obéissance. Il est singulier que M. R. borne l’obéissance des enfans au besoin qu’ils ont de leurs parens, de maniere que dès qu’ils n’ont plus besoin d’eux, ils ne doivent plus leur obéir en rien.

Mais si dans la premiere enfance ils doivent l’obéissance à leurs parens dans les seules choses sans doute qui concernent leurs besoins ; quoi ! ne leur en doivent-ils point par reconnoissance dans les besoins que les parens peuvent avoir d’eux, de leur