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tous antérieurs aux enfans, aux sujets, à la société, & qu’il y a bien du mauvais raisonnement à dériver la fontaine du ruisseau, au lieu de dériver le ruisseau de la fontaine. C’est éternellement le sophisme de M. R. Je suis, Monsieur, votre : très-humble, &c.

LETTRE XXVIII.

Monsieur, le pouvoir paternel existe évidemment avant le pouvoir, c’est-à-dire, le devoir filial. Car ce n’est que devoir dans ceux-ci, & ce n’est que pouvoir dans le pere & la mere ne faisant qu’un ; & cette unité-là, même de la société la plus primitive qu’il puisse y avoir hors de Dieu, est évidemment le modele, la regle & le principe effectif de toute la société filialement paternelle.

Le sophisme de a M. R. est de nous représenter le pouvoir du pere & de la mere comme nul avant qu’il y ait des enfans. Or il n’est pas nul alors. Il est même alors dans toute sa force puisqu’il est dans sa cause. Le pouvoir du pere & de la mere sur les enfans qu’ils n’ont pas, est d’autant plus grand, que c’est un pouvoir effectif, le pouvoir de les faire. Quand ils existent le pouvoir paternel est diminué en quelque sorte d’autant par leur existence désormais indépendante du pere & de la mere.

En rigueur cependant il n’est point diminué, & n’en est que plus explicite & plus actif, leur conservation étant toujours une