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à s’échapper par la tangente en ligne droite. Et encore, si ce principe qui n’est qu’une tendance plutôt qu’un droit, avoit lieu dans le physique même, il en résulteroit la ruine de l’univers, retombant tout de suite par-là dans la confusion, dans la discorde des élémens, dans le cahos primitif & originaire, si l’on veut, tel qu’il pouvoir être avant que Dieu dît : fiat lux & fiat firmamentum.

C’est la société subordonnée des esprits, des cœurs, des corps mêmes, qui fait la lumiere & le firmament de cet univers, physique autant que moral & théologique. Dans l’ordre même des astres & des planetes, il y a toujours un soleil ou une planete principale, qui donne la loi à tout son tourbillon, malgré la tendance qu’elles ont toutes à devenir la principale, ou à s’en écarter. C’est dommage que M. R. soit physicien jusques-là exclusivement. Il y a gens qu’il seroit mieux qu’ils ignorassent tout, excepté leur catéchisme. Un demi-savant ne prêche jamais que l’ignorance.

Quelqu’un dans ce moment me suggere le passage qui vient ici fort à propos. Et homo cùm in honore effet, non intellexit, comparatus est jumentis insipientibus, & similis factus est illis. Je ne voulois pas en faire l’application. On me force de dire au moins que M. R. l’a faite lui-même, & de voir qu’ici il va la faire. C’en seroit trop dans une même lettre. Je suis Monsieur, votre, &C.