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guerres suivies de traités de paix en regle, avec des conventions & des sermens. Prêtres ou devins, ils ont tous leur forme de religion, leurs sacrifices, leurs prieres.

Il est inutile de dire qu’ils ont le grand lien de la société ; la parenté avec la distinction précise & très-sacrée de maris & femmes, peres, meres & enfans, oncles, tantes & cousins, alliés, amis, sans parler de la célébrité des mariages, des naissances des morts, & puis la grande distinction naturelle les enfans, de la jeunesse & des anciens, dont ceux-ci forment toujours la tête & le conseil de la cabane, du village, de la peuplade & de la nation.

Sur quoi je prie M. R. de me permettre une petite digression, en faveur de l’ancienne amitié tendre &intime, qu’on sait bien qu’il y a toujours eu depuis trente-trois ans, entre le célébre Président de Montesquieu & moi, qui me sens trop honoré des marques publiques & peu équivoques que ce grand homme a voulu me donner de cette même amiti, jusqu’à son dernier soupir, dont tout le monde parle, & dont tous les honnêtes gens savent bien, qu’en honnête homme, j’ai droit de parler.

Pour ne rien laisser en suspens ou dans l’équivoque à cet égard, je dois dire que cette amitié ne commença qu’un an ou deux après l’apparition des Lettres Persannes, qui n’en furent pas même l’époque ni le motif, au moins de ma part. Comme ce n’est pas précisément de bel-esprit, de philosophie ou de géométrie que je dois me piquer, j’aurois craint plus que je n’aurois recherché cette liaison intime avec l’Auteur d’un pareil ouvrage. Mais ce noble, & je puis dire vertueux