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spécifique du Verbe, ne peut manquer de venir ici à la traverse de toutes les dissertations profondes de M. R., qui du reste ne s’y pique pas d’une grande profondeur théologique ni morale même, rapportant tout absolument à la pure physique & à la nature ; nature d’autant plus capable de lui faire tout prendre à gauche, quelle est la pure nature corrompue, & que par un travers étonnant il la prend constamment pour la premiere nature innocente, saine & digne de l’homme & de Dieu.

M. R. n’est pas théologien : il in convient assez, ses pareils s’en vantent même. Ces Messieurs croient que tout est dit, lorsqu’ils ont dit : Je suis Philosophe& ne suis pas Théologien. Et tant pis s’ils ne le sont pas. La philosophie est, selon Cicéron même, la science des choses divines & humaines, & est par conséquent une théologie en premiere instance.

Eternellement la philosophie profane est en divorce avec la philosophie sacrée, qui est la théologie. Eternellement celle-ci réclame contre celle-là, & la foi même contre la raison. Tout est sacré en quelque sorte comme ouvrage de Dieu & il n’y a de profane que ce que nous profanons. On a beau faire, la foi tient à tout, & tout ce qui n’est pas pour elle est contr’elle à coup sûr : je ne connois que la géométrie qui soit de pure raison, de pure idée claire & démonstrative.

Pour le moins tout a été fait pour J. C. comme médiateur, & comme homme-Dieu ;, & tout lui est relatif & subordonné. Pour le moins tous nos systêmes les plus physiques doivent avoir une relation & une subordination intime au théologique, & la raison à la foi qui est la raison de Dieu. Par