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SCENE VII.

DORANTE, SOPHIE.

DORANTE

Il est donc vrai, Madame, que ma ruine est conclue, & que je vais vous perdre sans retour. J’en mourrois, sans doute si la mort étoit la pire des douleurs. Je ne vivrai que pour vous porter dans mon cœur plus long-tans, & pour me tendre digne, par ma conduite & par ma confiance, de votre estime & de vos regrets.

Sophie.

Se peut-il que la perfidie emprunte un langage aussi noble aussi passionné ?

Dorante.

Que dites-vous ? quel accueil ! est-ce là la juste pitié que méritent mes sentimens ?

Sophie.

Votre douleur est grande en effet, à en juger par le soin que vous avez pris de vous ménager des consolations.

Dorante.

Moi, des consolations ! en est-il pour votre perte ?

Sophie.

C’est-à-dire en est -il besoin ?