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qui, dans un accès de sa maladie, dit avec une espece d’affirmative, qu’en lisant cette lettre, il y reconnut la plume de M. d’Alembert aussi positivement que s’il la lui avoit vu écrire. Peut-on, avec du bon sens, s’exprimer ainsi ?

Je ne pense pas, dites-vous, que personne doute d’une assertion aussi positive, étant donnée par un homme respectable à plus d’un titre. Pourquoi donc ayant une si haute opinion du bon caractere de ce savant, lui faites-vous un reproche, en disant que l’on est fondé à croire que s’il n’a eu aucune part à l’invention, au moins a-t-il été consulté sur le fondé & la forme de la plaisanterie ; & quand cela seroit, quel crime y auroit-il ? J’ose même croire que ce fut à la suite de cette consultation, que bien-loin d’approuver l’ironie, il eut la charité de représenter aux esprits malins qui trempoient dans cette petite noirceur, qu’il ne faut point se moquer des malheureux, sur-tout quand ils ne nous ont point fait de mal. Le généreux procédé de M. d’Alembert, sou esprit doux & solide, & son humanité se manifestent tout à-la-fois dans sa déclaration ; il pousse même la complaisance jusqu’aux bornes de la complaisance même ; il y fait l’aveu naïf & sincere en démontrant qu’il n’a jamais été l’ennemi déclaré ni secret de M. Rousseau ; il s’offre même à prouver, par des témoignages respectables, qu’il a cherché à l’obliger. Eh ! n’admirez-vous pas, dans cette déclaration, son indifférence sur les soupçons que J. J. Rousseau avoir follement hasardés contre lui, de même que sa modération, puisque le prétendu philosophe Genevois, avoit osé dire que M. d’Alembert n’étoit qu’un homme adroit & rusé.