Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/560

Cette page n’a pas encore été corrigée

la plupart, ont été applaudies ? Une autre fois, je vous prie de ne pas tant imiter Rousseau en donnant trop avant dans l’énigmatique. Que pouvoient penser du caractere de M. Hume ceux même à qui il auroit envoyé de Londres à Paris, une peinture aussi hideuse que celle qu’il auroit entrepris de leur faire d’un homme qu’il avait pris si ouvertement sous sa protection ? N’auroient-ils pas remarqué que l’auteur Anglois dérogeoit de gaîté de cœur aux droits de l’hospitalité & aux sentimens qu’inspirent la justice & la charité ?

Qu’un étranger soit un artiste médiocre, s’il est d’ailleurs doué de bonnes qualités, on ne peut lui refuser de l’estime. On doit savoir distinguer l’ami d’avec le savant. On aimera l’un par sympathie, ou parce que sa candeur ou ses vertus méritent notre estime ; mais si ses talens sont bornés, on n’ira pas sottement l’annoncer pour l’oracle de Delphes : on ne peut le louer que par les endroits qui le méritent ; mais après avoir boursoufflé son éloge, doit-on faire prononcer le public en faveur de notre opinion ? c’est comme si nous étions sûrs qu’il se rangera de notre côté : prenons-y garde : il est malin, il pourroit nous siffler.

Je passe, à votre exemple, à la déclaration de M. d’Alembert ; mais je ne dirai pas avec vous on croit volontiers ; mais je crois très -positivement que ce phénix de la probité & de la bonne Littérature, a désapprouvé la mauvaise plaisanterie de M. Walpole, en avouant que cet Anglois s’étoit fait aider pour le style par une personne qu’il ne nomme pas, & qui devroit peut-être se nommer. Ce qui prouve combien M. d’Alembert a été éloigné de donner lieu au soupçon de J. J. Rousseau,