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Une telle calomnie n’est surement pas du style de Démosthènes, elle ne convient qu’à un Auteur bas & rampant, elle déshonore moins celui à qui elle s’adresse, que celui qui s’en est servi ; mais peut-elle, avec les soupçons qui l’accompagnent, aider à fournir un indice à J. J. Rousseau contre M. Hume ? non, elle ne fournit que la preuve d’un esprit ombrageux, d’un homme qui voudroit que celui qu’il croit être son ami intime, fit une guerre ouverte à tous ceux qui ne sont pas les siens, ou qui ne peuvent pas l’estimer à sa fantaisie.

La manœuvre de Lettre*

[*Autre expression de Rousseau] qui suit cet article, n’est pas, plus un indice de trahison, que le seroit l’un des soupçons chimériques de l’Auteur d’Héloïse. Les regards secs, ardens & moqueurs de M. Hume, en fixant le nouveau débarqué, & qui inquiétoient tant le pauvre Rousseau, n’étoient autre chose que l’étude du caractere & de l’humeur de ce Genevois. L’historien Anglois se demandoit tout bas si cet homme n’avoit pas fait banqueroute à la raison & au bon sens, ou si le mal dont il paroissoit attaqué étoit sans remede ? Je m’étonne que M. Hume ait pu demeurer si long-tems à s’appercevoir que son protégé étoit pour le moins autant infirme d’esprit que de corps, sur-tout après que Rousseau suffoqué de sanglots & inondé de larmes, se fut jetté à son cou en s’écriant, non, David Hume n’est pas un traître ; s’il n’étoit pas & le meilleur des hommes, il faudroit qu’il en fût le plus noir.

Tout ceci bien interprété, après de mûres réflexions, prouve bien mieux l’aliénation de l’esprit de celui qui se livre à ses extravagantes