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& d’humilité. Si les Anglois ne vous ont pas mieux traité, ne vous en prenez qu’à vous-même, & non pas à M. Hume.

Je ne m’attends pas que vous serez de mon sentiment, je m’en console en considération qu’il y en aura bien d’autres que vous.

Pardonnez à mon exactitude, mon cher Rousseau, je ne veux rien laisser échapper dans votre lettre qui ne puisse me conduire au but où je vise. Je veux tâcher de vous définir, & de vous caractériser avec tous les traits qui vous conviennent. Votre amour-propre vous dira que je me suis trompé, mais ceux qui vous ont fréquenté seront, peut-être, d’un avis tout différent.

Je continue la lecture de votre factum, & j’y rencontre une petitesse qui me fait soupçonner que J. J. Rousseau, ainsi que la plupart des petits esprits, se plaît quelquefois à ne s’occuper que de niaiseries.

M. Hume vous avoit donné, dites-vous, des marques de son attachement, mais celle de faire faire votre portrait en grand ne fut pourtant pas de ce nombre. En vérité je n’en puis plus, je perds haleine ; ou vous ou moi nous sommes sous ; c’est l’un des deux. Si vous dites que c’est moi, je vous le pardonne de bon cœur ; enfin c’est donc ma folie, j’y consens, qui me fait remarquer dans ce reproche, que vous placez sans doute au rang des indices, une folie de six pieds six pouces au-dessus de la mienne ; mais je soutiendrai toute ma vie que tout ce qui accompagne ce reproche n’est pas moins insensé. Preuve que vous n’étiez pas de sens rassis en le lui faisant, c’est qu’après que l’accès qui vous l’avoir dicté commençoit à s’affoiblir,